Risque hémorragique sous anti-vitamines K : quelles sont réellement les interactions prioritaires ?. Chazard, E., Ficheur, G., & Beuscart, R. Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique, 64, Supplement 1:S11–S12, March, 2016.
Risque hémorragique sous anti-vitamines K : quelles sont réellement les interactions prioritaires ? [link]Paper  doi  abstract   bibtex   
Introduction Les anti-vitamine K (AVK) induisent de nombreux effets indésirables médicamenteux (EIM), hémorragiques ou thrombotiques. Afin de les prévenir, les logiciels de prescription connectée sont couplés à des systèmes d’aide à la décision (« Clinical Decision Support Systems » [CDSS]), qui émettent des alertes notamment en cas d’interaction médicamenteuse avec les AVK. Ces systèmes n’améliorent cependant pas la morbi-mortalité. À l’inverse, leurs alertes non-justifiées (« over-alerting ») interrompent les prescripteurs et leur apportent un sentiment injustifié de sécurité. Notre hypothèse est que, compte tenu des connaissances des médecins, le risque réel peut être différent du risque théorique, ce dont les CDSS devraient tenir compte. Notre objectif est de quantifier empiriquement ce risque d’EIM. Méthodes Cette étude utilise plus de 169 000 séjours hospitaliers, issus d’hôpitaux danois et français, incluant les données médico-administratives, les résultats de biologie et les médicaments administrés. Nous utilisons également une liste d’interactions avec les AVK, issue d’un article de référence (Holbrook et al.) rapportant une revue systématique de 181 articles scientifiques. Le surdosage en AVK est notamment recherché via la présence d’un INR supérieur à 4. Des modèles de Cox à variables dépendantes du temps et événements répétés sont itérativement construits. Résultats Au total, 3248 séjours comportaient un AVK, dont 5,2 % [4,5;6] un surdosage et 5,8 % [5;6,6] un sous-dosage. L’interaction des AVK avec 51 médicaments a pu être évaluée. Les médicaments suivants augmentent significativement le risque de surdosage en AVK : le fenofibrate (HR = 3,09 [1,34 ; 7,13]), la méthylprednisolone (HR = 3,02 [1,37 ; 6,68]) et la simvastatine (HR = 2,52 [1,36 ; 4,67]). La comparaison des résultats détaillés ne montre que peu de relations avec les niveaux de probabilité et de sévérité décrits par les experts dans la littérature. Discussion/Conclusion Ces résultats montrent l’importance du niveau de connaissance des médecins : lorsque des EIM sont décrits comme probables et sévères, les médecins en sont conscients et surveillent de près la survenue de l’EIM, et de fait, ce dernier ne survient pas. Les situations justifiant des alertes concerneraient donc des EIM décrits comme peu probables ou peu sévères.
@article{chazard_risque_2016,
	series = {Colloque {Adelf}-{Emois} « {Système} d’information hospitalier et {Epidémiologie} »},
	title = {Risque hémorragique sous anti-vitamines {K} : quelles sont réellement les interactions prioritaires ?},
	volume = {64, Supplement 1},
	issn = {0398-7620},
	shorttitle = {Risque hémorragique sous anti-vitamines {K}},
	url = {http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0398762016000420},
	doi = {10.1016/j.respe.2016.01.041},
	abstract = {Introduction
Les anti-vitamine K (AVK) induisent de nombreux effets indésirables médicamenteux (EIM), hémorragiques ou thrombotiques. Afin de les prévenir, les logiciels de prescription connectée sont couplés à des systèmes d’aide à la décision (« Clinical Decision Support Systems » [CDSS]), qui émettent des alertes notamment en cas d’interaction médicamenteuse avec les AVK. Ces systèmes n’améliorent cependant pas la morbi-mortalité. À l’inverse, leurs alertes non-justifiées (« over-alerting ») interrompent les prescripteurs et leur apportent un sentiment injustifié de sécurité. Notre hypothèse est que, compte tenu des connaissances des médecins, le risque réel peut être différent du risque théorique, ce dont les CDSS devraient tenir compte. Notre objectif est de quantifier empiriquement ce risque d’EIM.
Méthodes
Cette étude utilise plus de 169 000 séjours hospitaliers, issus d’hôpitaux danois et français, incluant les données médico-administratives, les résultats de biologie et les médicaments administrés. Nous utilisons également une liste d’interactions avec les AVK, issue d’un article de référence (Holbrook et al.) rapportant une revue systématique de 181 articles scientifiques. Le surdosage en AVK est notamment recherché via la présence d’un INR supérieur à 4. Des modèles de Cox à variables dépendantes du temps et événements répétés sont itérativement construits.
Résultats
Au total, 3248 séjours comportaient un AVK, dont 5,2 \% [4,5;6] un surdosage et 5,8 \% [5;6,6] un sous-dosage. L’interaction des AVK avec 51 médicaments a pu être évaluée. Les médicaments suivants augmentent significativement le risque de surdosage en AVK : le fenofibrate (HR = 3,09 [1,34 ; 7,13]), la méthylprednisolone (HR = 3,02 [1,37 ; 6,68]) et la simvastatine (HR = 2,52 [1,36 ; 4,67]). La comparaison des résultats détaillés ne montre que peu de relations avec les niveaux de probabilité et de sévérité décrits par les experts dans la littérature.
Discussion/Conclusion
Ces résultats montrent l’importance du niveau de connaissance des médecins : lorsque des EIM sont décrits comme probables et sévères, les médecins en sont conscients et surveillent de près la survenue de l’EIM, et de fait, ce dernier ne survient pas. Les situations justifiant des alertes concerneraient donc des EIM décrits comme peu probables ou peu sévères.},
	urldate = {2016-03-18},
	journal = {Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique},
	author = {Chazard, E. and Ficheur, G. and Beuscart, R.},
	month = mar,
	year = {2016},
	keywords = {Analyses de survie, Réutilisation de données, ésEffets indésirables du médicament},
	pages = {S11--S12},
}

Downloads: 0