Les formes de la pauvreté en Europe. Paugam, S. Regards croisés sur l'économie, 2(4):8--18, 2008. Paper doi abstract bibtex La pauvreté est une question qui dérange car elle est toujours l’expression d’une inégalité, sinon inacceptable, du moins peu tolérable, dans une société globalement riche et démocratique. Les pauvres ne peuvent y avoir qu’un statut dévalorisé, puisqu’ils représentent le destin auquel les sociétés modernes ont cru pouvoir échapper. Les attitudes collectives vis-à-vis de la pauvreté sont cependant variées : désolation morale pour certains devant ce qu’ils considèrent être l’expression directe de la paresse, de l’inculture et de l’irresponsabilité ; mauvaise conscience pour d’autres, sensibles avant tout à l’injustice faite à ces personnes maintenues dans des conditions humainement insupportables [Paugam et Selz, 2005]. La question essentielle que doit se poser le sociologue est simple : à partir de quel critère essentiel une personne devient- elle pauvre aux yeux de tous ? Il revient à Georg Simmel, au début du xxe siècle, d’avoir répondu le premier, de façon claire et directe, à cette question [Simmel, 1907]. Pour Simmel, c’est l’assistance qu’une personne reçoit publiquement de la collectivité qui détermine son statut de pauvre. Être assisté est la marque identitaire de la condition du pauvre, le critère de son appartenance sociale à une strate spéci que de la population.
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